Un peu d'histoire...   

     La Cour de Pergame (Asie mineure) et celle d'Alexandrie étaient rivales. Les rois d'Egypte ayant vu avec peine s'élever à Pergame une bibliothèque considérable, avaient résolu d'n arrêter les progrès. Ptolémée défendit le transport du papier d'Egypte, espérant ôter à Eumenes le moyen de faire copier les manuscrits dont il formait la bibliothèque. Ce moyen aurait réussi si Eumenes n'eut imaginer de perfectionner un art qui pouvait tenir lieu de celui du papier, l'art de passer et de préparer les peaux d'animaux pour y écrire dessus.
    
     Cet art était déjà connu en orient mais il était fort grossier, et ce fut à Pergame qu'on trouva le moyen de le porter à sa perfection et de faire le parchemin infiniment supérieur par son poli, par sa flexibilité, par sa durée, au papier d'Egypte toujours rude et cassant .

(extrait de "la description des arts et métiers par Mrs de l'Académie Royale des sciences de Paris - 1775)
 

      Au moyen-âge, la taille des manuscrits imposait de tanner des peaux relativement grandes pour pouvoir y découper un parchemin  permettant de faire une double page. On utilisait alors principalement le mouton, la chèvre, le veau et si les dimensions le permettaient, l'agneau ou le chevreau.
Le meilleur parchemin provient d'un jeune animal dont la peau est encore fine. Le plus prestigieux étant le vélin, peau d'un veau ou d'un agneau mort-né.


Il s’avère que le parcheminage n’est pas une science exacte ! Le résultat final dépend de moult critères qui interviennent tout au long des opérations et un même procédé peut donc donner des résultats bien différents. Ainsi la qualité du parchemin sera fonction de la qualité de la peau (épaisseur – âge de l’animal – cicatrices – tâches diverses….) de la qualité de l’eau (il est préférable d’utiliser l’eau de pluie), de la qualité de la chaux, des conditions atmosphériques, de l’humidité ambiante…..

Voici donc ce qui peut servir de base à la réalisation de parchemins…..

 


La peau

Utiliser de préférence des peaux d’animaux jeunes qui seront moins épaisses : agneaux – chevreaux – lapins.
Le vélin est la peau de l’animal mort-né ou de moins de 6 semaines. La peau est plus fine et plus claire, sa préparation sera plus rapide.
Je n’utilise pas le veau car la peau est plus épaisse et l’on ne trouve plus de fer à raturer qui permette de la désépaissir correctement (avis personnel !)
Le côté poil (ou laine) est dit « côté fleur »
La peau peut-être conservée avant d’être travaillée, soit salée, soit séchée. Dans tous les cas, il faut bien surveiller au début que des parasites ne viennent pas s’installer sur la peau….. !

 

1° ) La trempe ou le reverdissage :

     Dès que la peau est enlevée de l’animal, on la met tremper dans de l’eau de pluie ou l’eau courante d’une rivière, puis on la lave bien pour en faire sortir le sang caillé et nettoyer la laine ou le poil, après quoi, on la laisse s'égoutter.

     Si la peau a été salée ou séchée après l’abat de l’animal, il faut la reverdir, c'est-à-dire lui redonner son aspect initial. Pour cela on la laisse tremper jusqu’à ce qu’elle redevienne aussi souple qu’une peau fraiche.

2°) L’enchaucenage :

     Il consiste en faire tomber la laine ou le poil. Pour cela il faut recouvrir la peau côté chair, d’un lait de chaux puis la plier en deux dans le sens de la longueur. On peut ainsi en empiler plusieurs. On laisse ainsi plusieurs jours, jusqu'à ce que l'on constate que le poil ou la laine s'enlève facilement. On rince bien la peau et on la laisse s'égoutter avant de procéder à la pelée.

 

3° ) Les pelains

     Commence alors une série de trempe et de mise en retraite.

 
1er Pelain : (1jour de trempe / 2 jours de retraite)
On commence par un pelain mort, c'est-à-dire une eau de chaux légère ou déjà usée. On laisse tremper la peau de 1 jour à 1 jour et demi, puis on la met en retraite pendant 2 jours. Pour cela je plie la peau en deux dans le sens de la longueur et je la place sur un plan incliné pour que l’eau chaulée s’écoule et retourne dans le pelain.
 
peaux en retraite

2ème Pelain :  (2 à 3 jours de trempe : 3 jours de retraite)
On utilise un pelain moins usé, on peut aussi ajouter de la chaux au premier pelain. 

3ème Pelain :  Alternance de 2 jours de trempe / 3 jours de retraite)
On peut ajouter de la chaux sur le deuxième les pelains précédents, mais il est mieux d’en refaire un qui sera plus fort que le deuxième, puis tous les 10 jours on rajoute un peu de chaux.
On Alterne les temps de trempe et les mises en retraite pendant 3 semaines, mais on peut prolonger sans dommage. La durée de ces bains diffère selon les peaux et peut aller jusqu'à 6 à 8 semaines.

Il convient de surveiller l’effet du pelain, l’opération sera terminée lorsque l’on peut enlever les chairs avec l’ongle. Il faut donc vérifier après chaque mise en retraite pour voir si les chairs s’enlèvent ou pas….

 

 4°) Echarnage :

    
On commence par bien rincer la peau pour enlever la chaux puis la tendre sur une herse. Préférer une herse  rectangulaire plutôt que ronde.

Pour tendre la peau on va placer des brochettes en différents endroits de la peau  en les faisant passer dans 2 trous (ou plus en fonction de la longueur de la brochette). La ficelle sera tendue sur une cheville placée sur le cadre de la herse.
Pour de grandes brochettes, on peut mettre une ficelle à chaque extrémité reliée à deux chevilles distinctes. Au niveau des pattes, on peut enrouler la peau sur la brochette, la ficelle devra tenir le tout, cela permet une meilleure tension.
la peau est tendue sur la herse

                               la peau doit être écharnée

écharnage d'un vélin d'agneau

On va maintenant enlever cette membrane de chair et graisse, la peau semble se dédoubler.

On écharne la peau à l’aide du fer à écharner en ayant soin de ne pas la griffer ou la percer.

On humidifie la peau régulièrement à l’aide d’un chiffon pour renouveler l’opération jusqu’à ce qu'il n'y est plus de résidu graisseux ou de chair et jusqu'à ce que l’eau qui ressort soit claire.

 


7°) Le groison :
 Le groison désigne la craie dont on va recouvrir la peau. J’utilise du blanc de Meudon.
                            Le groison limitera la porosité de la peau et  évitera qu'elle ne fasse buvard lorsque l'on va écrire dessus..

Mettre le groison côté chair sur la peau humide puis poncer à l’aide d’une pierre ponce pour écraser et faire pénétrer  le groison. On peut également passer la pierre ponce côté fleur mais sans y mettre de groison, celui adhérent sur la pierre étant suffisant. Puis on laisse sécher.
Une fois sec, on enlève le groison et on humidifie la peau à l’aide d’un chiffon puis avec le fer à écharner, on racle la peau pour en faire ressortir l’eau, On l’humidifie côté fleur (parfois il faut retendre davantage la peau) et on racle pour en faire ressortir l’eau jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus  à sortir. C’est cette opération qui permet de blanchir la peau.  


8°) Le ponçage :
 

Après séchage on essuie la peau avec de la laine de mouton puis on termine par un ponçage léger au papier de verre n° 500 puis n° 1000.

On peut alors démonter de la herse la peau devenue parchemin.
 

 
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Révision : juillet 2010.